- obscurément
-
• 1213; oscurement v. 1170; de obscurI ♦ Rare D'une manière à peine visible, imperceptible. « Les anges y volaient sans doute obscurément » (Hugo). II ♦ Cour. (Abstrait)1 ♦ D'une manière peu intelligible. « Il est mauvais de parler obscurément des choses claires » (Duhamel).2 ♦ D'une manière vague, insensible. Il sentait obscurément l'approche du danger. « La modification de mon état sentimental, préparée obscurément par les désagrégations continuelles de l'oubli » (Proust).3 ♦ En restant ignoré, inconnu. Finir ses jours obscurément, dans l'anonymat. « Cet amas de papier noirci qui moisit obscurément chez les bouquinistes » (France).⊗ CONTR. Clairement, nettement. Glorieusement.Synonymes :- confusément- mystérieusementContraires :- véritablement- vraimentDe manière inconnueSynonymes :- secrètementContraires :obscurémentadv. D'une façon peu claire, confuse. Percevoir obscurément.⇒OBSCURÉMENT, adv.A. —Sans répandre, sans recevoir de clarté. Je remarquai la lampe (...) qui brûlait obscurément avec une longue mèche pressée et comme étouffée par l'air froid et malsain (JANIN, Âne mort, 1829, p.182). Du côté de la terre, la lune éclairait obscurément des espaces paisibles (GRACQ, Beau tén., 1945, p.186):• ♦ L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle;Les anges y volaient sans doute obscurément,Car on voyait passer dans la nuit, par moment,Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.HUGO, Légende, t.1, 1859, p.86.B. —Au fig.1. Domaine intellectuel. [Dans l'expression écrite ou orale] D'une manière incompréhensible. Dans ses réponses il ne s'explique jamais clairement, il parle obscurément, comme l'oracle de Delphes (CHATEAUBR., Essai Révol., t.2, 1797, p.344).2. Domaine affectif. D'une manière vague, indistincte. Synon. confusément. Deviner, percevoir, pressentir obscurément qqc. Ah! n'être pas lâche, se satisfaire, enfoncer le couteau! Obscurément, cela avait germé, avait grandi en lui (ZOLA, Bête hum., 1890, p.258). Je comprenais que la petite fille avait enfin trouvé là le compagnon qu'elle attendait obscurément (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.363).3. Domaine soc. D'une manière anonyme; sans gloire. Synon. humblement, modestement. Mon père a honoré ce pays par des travaux dont la science française est justement fière; je l'ai servi plus obscurément, dans la laborieuse carrière d'éducateur (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.422). Mon amie, la pauvre Catherine Houdoire, qui est morte obscurément, sans Marseillaise et sans discours (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p.229).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694: obscurement; dep. 1740: -ré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 oscurement «d'une façon peu intelligible» (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Prol. 12, p.1); 1213 obscurement (Fet des romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 651, 27); 2. ca 1280 «d'une manière peu claire» (GIRARD D'AMIENS, Escanor, 15941 ds T.-L.); 3. 1306 «d'une façon imprécise, vague» (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, Prol., éd. Wailly et Delisle, 159); 4. ca 1460 «sans être connu, sans éclat (de la conduite d'une personne)» (GEORGES CHASTELLAIN, Chronique, éd. K. de Lettenhove, II, p.166); 5. 1770-83 «d'une manière foncée (en parlant des couleurs)» (BUFFON, Oiseaux, éd. Lanessan, t.6, p.120). Dér. de obscur; suff. -(e)ment2. Fréq. abs. littér.:406. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 323, b) 254; XXe s.: a) 735, b) 872.
obscurément [ɔpskyʀemɑ̃] adv.ÉTYM. 1213; oscurement, v. 1165, au sens II, 1; de obscur, et -ment.❖♦ D'une manière obscure.———I (Concret). Rare. D'une manière peu claire. || La nuit approchait, on ne voyait les objets qu'obscurément (Académie). D'une manière sombre, foncée… || « Un brun obscurément teint de verdâtre » (Buffon, in Littré). — D'une manière à peine visible, imperceptible.1 L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle;Les anges y volaient sans doute obscurément,Car on voyait passer dans la nuit, par moment,Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.Hugo, la Légende des siècles, II, Booz endormi.———II Cour. (Abstrait).1 (V. 1165). D'une manière peu intelligible, incompréhensible. || Parler, écrire obscurément. || Oracle qui s'exprime obscurément.2 (…) il est mauvais de parler obscurément des choses claires, il est bon de parler clairement des choses obscures.G. Duhamel, Discours aux nuages, I.2 (V. 1307). D'une manière vague, incertaine, imperceptible, insensible. || Sentir, prévoir obscurément… (→ Abrutissement, cit. 3). || Modification sentimentale préparée obscurément (→ Désagrégation, cit. 2).3 Il y a des progrès qui s'accomplissent obscurément et qui pourtant décident de l'avenir d'une classe et transforment une société.Fustel de Coulanges, la Cité antique, IV, VII.4 L'état de nos systèmes organiques agit obscurément sur la conscience. Parfois un organe nous donne, de cette façon, l'avertissement du danger.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, III, XI.3 (V. 1460). De manière à rester ignoré, inconnu (→ Amas, cit. 4). || Vivre, finir ses jours obscurément, dans l'anonymat.5 Et celui qui sans nom vit si obscurémentQu'à peine est-il connu de ceux de son village (…)Ronsard, Disc. des misères de ce temps, Disc. à Loys des Masures.6 Pourvu que, dans les bras d'une épouse chérie,Je goûte obscurément les doux fruits de ma vie.Lamartine, Premières méditations, XXIII.❖CONTR. Clairement, nettement, visiblement. — Glorieusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.